1915
Avec la ponctuation et l'orthographe des auteurs.
Pour trouver le jour correspondant à la date du courrier...
9 janvier
Cher Monsieur,
Merci mille fois de votre aimable mot au sujet de ma promotion au grade de général.
J'en ai été d'autant plus heureux que j'ai eu ce grade en campagne et que je reste
à cette brigade que je commandais depuis quatre mois ½ et que j'ai conduite plusieurs fois au feu. Malheureusement que de deuils, que de tristesses dans les familles! cette guerre est d'autant plus
pénible en Belgique que nos méridionaux ont un climat pluvieux et brumeux.
Malgré tout ils sont pleins d'entrain et de dévouement. Mes 3 fils et mon gendre sont
aussi sur le front, jusqu'ici bonnes nouvelles... Cordiale poignée de mains et bien à vous.
Général de Woilbemont, 64e Brigade.
A monsieur Hyacinthe de Martin, Sigean (Aude)
10 janvier
Chere belle soeur
J'ai reçu ta lettre ce matin Je suis toujours a peu près
Je te remercie pour le moment je n'ai besoin de rien que du soulagement et
la paix définitive. Bonjours a tous bonne santé Cette
semaine tu peut t'attendre a une surprise et tu sera bien contente. Mille
baisers a tous. Ton beau frere qui t'aime pour la vie.
Des nouvelles souvent.
J. Wendling. A Mme Ladoumégue, 48 rue
Saint Sernin à Bordeaux.
16 janvier
je t'ècris ses quelques lignes pour te donner de mes nouvelles qui sont
en ce moment très bonne seulement je voudrais me rentourner voir le padelin
depuis le temps que je suis partie cela devrais changer il faut èspèrer
que cela viendras et le plus tot possible Dans l'èspoire de nous revoire chère
soeur et sa petite fille marie.
Maximin Moreau (24ème d'artillerie). A sa soeur Félicie
Deronnas, Cursan (Gironde)
17 janvier
Ma bien chère L(?)
Il y a quelques temps nous étions trè,s près des tours que tu vois ci-contre,
et aprè le bombardement qui les a presque complètement démolies je suis allé
voir ces ruines - je crois qu'ils y croyaient un observateur et c'est pour cela qu'ils y
auraient mis un tel acharnement. Enfin on ne voit plus qu'un amas de pierres et toutes les
maisons du village se trouvant derrière ces tours sont en miettes - De même, le terrain des
alentours est entièrement labouré par les obus n'ayant pas atteint les tours. on dirait
le résultat d'un tremblement de terre. La lettre que tu m'annonçais dans ta carte
ne m'est pas encore parvenue. Reçois mes plus afectueux baisers
Goujon. A Madame E. Goujon, Cabanac Villagrain (Gironde)
La carte représente les tours de l'ancienne abbaye de Mont St Eloi
23 janvier
Mon petit Néné
La journée est blanche il fait froid et je prefere ça a la
pluie Hier au soir jai travaille pour toi je t'ai fait une chevaliere
avec la croix de Lorraine que je te recommande de ne pas perdre - j'ai
envoyé aussi a Marraine la sienne hier - Un de ces jours je vais
t envoyer la tieinne avec d'autres pour Maman. jenverai aussi celle de
Suzanne (tu montrera la tienne avec la croix de Lorraine a M. Duffau (?)
et aux amis et surtout te ne la sortira pas du doigt surtout a l'école
car on te la prendrait a n'importe qui, tu diras que tu ne la sors pas en
cas de la perdre; sois mignon sage et bientot aussi tu vas avoir ton sac -
Je t envoie beaucoup de poutous ton papa qui t'aime bien
François Pelissou, Cycliste 129. A Marcel Pelissou,
21 rue Barsalou Froumenty, Agen.
Néné : En occitan cela signifie "bébé".
4 février
Chere belle soeur
A l'instant ou je vous ecris jecris a la maison, et je suis toujours en bonne
sante ainsi que votre beau frere Marius, en ecrivant ma carte, je le vois qui astique
son fusil hier soir on a gouter la confiture et les figues de Piolenc, exelente,
bien le bonjour de sa par a toute sa famille et receve de votre beau frere
devue qui vous embrasse tous ses meilleures amities ainsi qu'au petits neveux.
Si je vous cause pas plus long ces que je pense qu Elisa doit vous donnez de
mes nouvelles souvent. Les boudins sont tres bons ainsi que tous
A Mme Augustine Roux, Piolenc (Vaucluse)
11 Février
Chers parents
Je réponds à vos lettres du 5 et 6 dans lesquelles vous me
dîtes que vous êtes en bonne santé. Il en est de même
de moi. Maman me demande pour manger ce qui me ferait plaisir? Mais je mange
de tout - même du riz et du macaroni mais pas beaucoup de grattins!!
Tout ce que vous m'envoyez me fait bien plaisir - du confortable - Quant aux
desserts je m'en fous - Quelques sous pour acheter du pinard et c'est tout.
Je crois que je fais des vers pas des boudics! Maintenant il me tarde
d'être à demain pour me cavaler de cette douce cave - ça
cocotte là dedans c'est plein de rats! Quelle horreur! Quant à
Dumora, jamais je n'ai eu de lettre de lui - Pour mes ennuis je n'en ai pas
à part les Boches- Et puis si j'en ai dites leur de venir me trouver nous
nous expliquerons baionnette au canon. Aux grands mots les grands remèdes.
Bonjour à tout le monde dites à ceux qui demandent de mes nouvelles
de m'envoyer quelques colis. Au revoir bons baisers à tous.
Raoul Larrue (249e R.I., 18e Cie). A Monsieur L. Larrue, Restaurant,
Alouette, Pessac (Gironde)
14 Février
Cher Monsieur,
Je quitte l'hôpital aujourd'hui avec mon éclat toujours dans le bras, à ma
demande. Je me suis apercu ces temps-ci que les muscles reprenaient leur élasticité.
Le chirurgien qui m'employait depuis quelques jours comme dessinateur paraissant vouloir me garder
sans m'opérer (pour avoir un motif de me garder) j'ai demandé à partir. Il a
été très étonné parait-il mais il ne pouvait me garder de
force. Je vous prie d'agréer, vous et Madame Lucinet, mes salutations respectueuses. Je
vais en permission à Bordeaux en permission de 7 jours.
18 Février
Ma chère Babet
Bien triste temps aujourd'hui ma chérie un vent, une pluie, et pourtant nous partons
dans une heure pour les tranchées une petite excursion près des boches
Oh! que tes crêpes étaient bonnes maman qui ma ecri que tu mas expédiais elle
craignait quelles ne soient conservées, je lui réponds qelles étaient
tres bonnes. Nous en avons fait ici aussi très bonnes egalement mais ne valant pas les tiennes
celles que tu avais touchées. A bientot. Baisers de ton Pierrot
A Mlle Elisabet SENTENAC. Domaine de l'Ormeau. Artigues par Cenon (Gironde)
21 Février
Mes cher Parent
Je vous anvoi sette carte pour vous dire que toujour je sui an bonne
santé et j'espèrre que vous tous vous an èttes de
même je vous direr que an corre je net pas reçu le paquet que
armandinne ma dit que vous mavet espédier que depui le 10 sa maitonne
quil ne soit pas ariver vous me direr si vous lavet fet partir pour la poste
ou par la garre votre fils quil vous aime le bonjour a tous les parent
Louis Calas (10e régiment d'artillerie, 6e batterie ter.
A Clément Calas, Cambon par Olargues (Hérault)
24 Février
Chers amis
Je viens vous remercier de l'aide que vous avez apporté à mon père. Je
crois que je ferai défaut à la fermeture de la chasse j'y serai avec vous
par la pensée Cordiale poignée de main
Maurice Cessac, Armurier 130e Territorial. A Monsieur
Dejean, Ségalat par Lauzun (Lot et Garonne)
28 Février
Ma chere Louise
J'ai recue ta lettre hiert que tu mas envoyer le 23 courant qui ma fait un
grand plaisir quart tu me donne toujours beauquoup de petittes nouvèlles
tu manonce que tu menvoie un colis sitot que je laurai recue je temvairrais
une lettre pour te donner plus de longs déttails ; tu me dis aussi
que tu dois menvoyer du boudin tu na pas besoin de me le faire cuire quart
nous avonts toutte ocasion pour nous faire cuire nimporte quoi ; je peus te
dire que nous sommes tréz bien ravitaillers nous touchonts umppeu
de tout ce que nous avonts besoin aussi tu nauras plus besoin de menvoyer
dauttres colis ci je ne te le demandepas nous sommes égallement
assez bien couchers avec assez de paille quant nous sommes au repox quant
jaurais recue le colis je temverrais dauttres nouvèlles aujourd'hui
nous allons manger un gros lièvre de huit livres que nous avonts
tuer en première ligne a trois cent mettres de Boches nous les tirons
le jour et nous allons les chèrcher la nuit comme de raison ici le temp
ait plu beau que tu ne dis chez nous il pleuts souven mais il fait de
trèz belles journées je suis toujours en trèz bonne
santhe Les plus doux baisers de cellui qui pensse a toi une amicale poignee
de main a tes parents ci tu veu me mettre le saucisson je ne le refusepas
quart cest trèz commode pour en manger umppeu tous les jours
il y ana dauttres qui en ont et ca ce consserve trèz bien
dans le sac
Adrien Daron, Mitrailleur 2de section, 129 terr..
A Mme Louise Daron, Galapian, Lot et garonne
Nantes, ce 11 mars 1915
Ma chère petite femme adorée.
Aujourd'hui aucune nouvelle, il est vrai qu'hier j'ai été gaté trois
longues lettres. Je passe demain ma visite d'incorporation, que va-t-il advenir, je l'ignore,
enfin ayons confiance. J'ai reçu ce matin un mot de M. Bernard. Il me dit qu'il attendra
mon retour parce qu'il tient a ne pas changer de professeur. De cette façon cette pauvre
Zezette en se reveillant dit bonjour papa et reste attrapée en voyant Madeleine a ma
place. elle doit se demander ce que je suis devenu. Ce que je voudrais vous revoir. Ne batissons
pas de chateau. Ici comme partout on ne sait ce que l'on fera mutisme complet. Il part constamment des
hommes de mon régiment mais pas de ma classe. J'écrirai a Monsieur et Madame Perronet
un mot de remerciements Dimanche car comme tu dois le penser, je n'ai guè de temps. Je
t'écris tous les jours, ainsi qu'une autre carte aux amis. J'aurai besoin d'un
secrétaire, au courrier du matin j'ai toujours quelque chose. Je suis très content
que l'on m'est agrée au Messe des sous ofs. Nous y sommes traites comme des princes pour
cinq sous par jour. que veux tu, dans le métier militaire, il faut être débrouillard.
Si un camarade ne m'avais pas montré le chemin je serai encore a manger avec les soldats
et manger beaucoup d'argent. ce que je regrette, c'est qu'il me reste encore 6 cachets. Sois
tranquille je ne suis pas sans argent. j'aurai quand on m'aura régler mes bottines encore
cinquante francs. je ne dépense rien de superflu. Je me porte a merveille, ne t'inquiète
pas. Embrasse bien fort les enfants, et pour toi mes plus gros baisers. Mille amitie aux amis
Latreille, ta mère Madeleine Laure et a tous les amis.
Albert Cartier, soldat du 81e terr, 26e escouade. A sa femme, 63 cours de Toury,
Bordeaux
Toulouse, le 11 mars
Chère soeur
Tu dois te demander si je suis mort depuis le temps que je ne t'ai pas
ecrit la sante va pour le mieux la blessure va bien il faut une longue
et bonne guerison je ne voudrais pas retourner de sitot dans la Meuse
tu parles si on est tranquille de ne plus entendre tout ce bruit. et
Armand a-t il eté en convalescence ou est il encore a Alais
je n'ai pas reçu de nouvelles depuis que je suis blessé
c'est vrai que j'ai voyage depuis Bien le bonjour a tous de ma part
je termine en t'embrassant de tout coeur
Lucien Daix, 1er génie, Hôpital militaire,
Toulouse
Libourne le 2 avril 1915
Mon cher Augustin
C'est avec beaucoup de plaisir que je viens de recevoir ta carte, surtout de te savoir en bonne
santé, ici, je te dirai qu'il y a toujours quelques départs de temps en temps,
hier nous avons reçu encore 80 cheveaux Canadiens, et nous allons les dresser, pour les
expédier un peu plus tard ; aujourd'hui àt partir de 2 heures et demie nous
avons quartier libre ; et demain j'espère bien de partir pour 48 heures ; tu me dis que
tu ne comptes pas avoir de permission C'est regrettable pour toi, car je crois qu'il fera beau temps.
Ton cousin qui te serre la main d'amitié
Alcide Faure. 15e Dragons, 12e Escadron, Libourne
A Augustin Migne, 139e Terr, 15e Cie, Me EScouade à Corbiac (Gironde)
Mailly le camp (Aube) 14 avril
Bien chers parents
Je vous écris la presente, qui je l'espère vous trouvera en
bonne santé quand à la mienne toujours à merveille.
Après avoir exploré un peu de pays dans l'Est notamment
à Troyes et Neufchâteau, nous voici maintenant au camp de Mailly
où mon frère a été blessé, nous croyons
d'y rester quelques jours encore puis nous repartirons pour une destination
inconnue, il se forme ici une division qui serait destinée dit on pour
les Dardanelles. J'ai écrit à François, mais je n'ai pas
eu encore de réponse vous saurezme dire s'il est toujours en bonne
santé. Il fait ici mauvais temps, pluie, vent, froid. Nous entendons le
canon, car nous ne sommes pas loin du front. Je vous serre bien la main
à tous.
Le bonjour à Jeannou d'Abéla s'il n'est pas parti.
Paul Caujolle. 17e section de C.O.A. A ses parents.
Marvejols le 15 avril
Chers oncle et tante et cousine
Je profite aujourdhui dun petit moment pour faire savoir de mes nouvelles car
je suis enparfaite santee et je souettes de tout mont coeur que vous soyer de
même Le cousin Louis ma ecrit et il me dit qu il se porte bien et il ma
fait bien plaisir Vous regarderai si vous me connaitreu encostume de Soldat
je panse de partir bientot de partir et je croit que nous y ront en truqui
adieu chers parent l'espour de nous revoir un jour voila mon adresse
Theron Pierre Soldat au 142e de ligne 14en compagnie 1ere section a
Marvejols Lozere
29 mai, 16h
Ma chère Adrienne
Tout va toujours très bien pour ma santé tu as du recevoir la
longue lettre que tu me réclamais qui était jointe aux
muguets C'est étonnant comme le service est mal fait on retarde ici
volontairement les lettres de 48 heures consigne militaire. Le temps est bien
beau ici, il fait une chaleur terrible il n'a pas encore plu depuis que je suis
ici. dis moi donc le temps qu'il fait chez nous. Comment vos les récoltes
et les gens. J'ai reçu pas mal de lettres du pays, les gens sont
gentils dis leur bien des choses de ma part et recommande ou donne ma
nouvelle adresse que dit le curé et consort? Mille et mille
baisers a tous trois
A Mlle Bordenave, épicerie, Virazeil (Lot-et-Garonne)
31 mai
Chére cousine,
Voilà dix mois que je mène une vie souterraine et en même temps une
vie d'exilé, car c'est un vrai exil d'être séparé aussi longtemps
des êtres qui nous sont chers et aussi éloigné d'eux. Depuis le 3 août
date de mon départ je n'ai pas eu de vos nouvelles. Ce jour là une personne m'en donna
et me dit qu'Henri était à Miramont employé à la réquisition
des chevaux. Depuis des jours, des mois ont passé et encore on ne connait pas le retour
et on ne sais même pas si on le verra, enfin il faut l'espérer. J'ai supporté
des souffrances de toutes sortes, ai été exposé aux pires dangers, malgré
celà je n'ai eu que des blessures insignifiantes et suis toujours en bonne santé.
Espérant que bientôt nous verrons la fin de cette tourmente, tout en vous priant
de me donner de vos nouvelles ainsi que celles d'Henri et son adresse, recevez mes meilleurs
sentiments et un sincère au revoir de votre cousin dévoué
G. Raigal, 215e R.I., 19e Cie, 66e division de réserve
5 juin
Papa est toujours en bonne et parfaite santé et toi, j'espère
qu'il en est de même. Sois bien sage et écoute bien maman
vivement que je retourne pour pouvoir passer quelques beaux jours ensemble
comme par le passé espérons que ce sera bientôt.
Je le crois car à présent avec l'Italie qui s'est mise de la
partie je crois que cela activera la fin et que la victoire appartient aux
alliés et ce qui me console c'est que vous pauvres enfants vous
n'aurez pas a subir une autre guerre comme celle qui a lieu car c'est une
vrai guerre mondiale au plaisir de te lire Reçois de ton papa un gros poutou.
Ton papette.
Adjudant Simon Berteille(2ème génie)
A sa fille Marie, Toulouse
Martigny les Bains le 18 juin
Ma Chère Belle soeur
Tu a du apprendre par Ivonne que j'étais trés inquiet d'être
rester quelques jours sans nouvelles de lon frère : c'était tous
simplement du retard J'en est eu depuis il est toujour en parfaite santé
et plein de courage Moi je suis guérit de ma blessure mais je soufre
de ma sciatique et je ne sais quand j'aurais le bonheur de le revoir : je
serais bien plus comptent si lui pouvais venir me rejoindre avec pa plus de mal
que moi j'en avais J'espère et souhaite que votre santé est
parfaite pour tous. Ton beau frère qui t'envoi ces amitiés
J. Fauvel (Sergent à l'hôpital temporaire de Martigny les
bains). A Mme Fauvel, Clavié par Monflanquin (Lot et Garonne)
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