1918
Avec la ponctuation et l'orthographe des auteurs.
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Mardi 5 février
Cher cousin est cousine
Je suis en très bonne santée est desire que ma presente vous en trouve de même
il y a longtemps que je vous aie ecrie est je ne reçois pas de reponse pour le momment nous sommes
aux repos mais toujours du bouleau ici il fait toujours tres froid mais les journee sont assez bonnes
Vivement la fin qui n'arrive pas vite ------------------- * je finie en vous souhaitan bonne santée
Recevez cher Cousin est Cousine mes amitiés les plus sinceres de votre cousin
dévoué
J. Bonzom. A Louis Bonzom, 50 rue Reclusane, Toulouse
* " On en a mar " (rayé par la censure)
24 Mars
Chèr petite Ernestine
Je me pèrmét de tanvoyé une petite carte pour te
souété bien le bonjour Inçi qua sétois car pour
moi je sui tous jour a sais bien portan et jèspère que ma
carte te trouve de mème Inçi que toute la famille un bonjour
afètueu loin desieu prés du coeur de mamie. tu dira a ma
mèr quèl ne se fasse pas de mavaisan pour moi je suis s'an
bonne santé arevoir a biento
Alphonse Breteau. A Ernestine Chaban, au bourg d'Echourgnac (Dordogne)
3 avril
Ma chère Honorine que j'aime
je t'ecri deux mot deux lettre pour te faire savoir de mais nouvelle quelle sont Bonne pour le moment et je
desire que ma lettre tous trouve de meime et aussi toute la famille de ma part. Nine depuis que jais
reçu ta dernière carte je nais rien reçu de toi. jenesuis pas content Nine parceque
sur une carte tumedi que tu ne me ferra plus réponse jusqua que tu reçeçoiveu
dais nouvelle miènne et moi je técri tous les deux jours et plus souvent tous les jours
anfin jecroir que tu meferra une longue lettre je termine ma lettre donne le Bonjour a toutes la famille et
a tante Emilie et a Marius de ma part. fais moi aumoins une grande réponse. Milles Baisers de
ton futur mari qui taime et que toit tu le fais souruir d'amour et de lettre. adieu ma Nine ton gose
Louis Biary. A Honorine Frédérer, 108 route de l'abatoir,
Béziers
14 mai
Mes Bien Chères Amies
Voilà déjà longtemps que je ne vous ai écris et
vous devez vous dire que je vous ai oublié, heureusement que l'oncle
Elie est là pour vous dire que je ne vous oublie pas. Je suis toujours
en bonne santé. A c'est de tout coeur que je désire que ma lettre
vous en trouve de même à tous. Nous avons nous aussi un temps affreux
et je vous prie de croire que nous pataugeons dans la boue et non dans le bonheur
comme certains ; enfin notre tour viendra peut-être un jour. Embrassez oncle
et toute la famille pour moi. gardez pour vous deux mes bons baisers.Le bonjour
à Jonas et à tous les siens, ainsi au'aux nouveaux mariés.
Clément. A Mlles Marcelle et Odette Prouha. 176 Faubourg
toulousain, Montauban
10 juillet
berén si lous rasins soun polis. Je fais réponse à tes 2
lettres l'une du 3 et l'autre du 4 que j'ai reçus avec beaucoup de plaisir vue que votre
santée est bonne moi aussi je me porte assez bien pour le quart d'heure.
On me parle que Baptiste est en perme je le sais bien mais lui n'est pas dans une
compagnie de purée comme la notre. Pense si languis d'aller passer quelques
jours parmis vous. Oui tu parles des américains ils sont bien fiers mais
attent quand ils auront quelques années de guerre sur le dos la
fierté leur pasera Quand même si rien ne se passe a la fin du moi
je crois d'aller vous voir. Enfin j'attends toujours pour aller vous revoir et
parler des affaires. Embrasse Marinette c'est la plus vaillante elle travaille
chaque jour coumo uno fennetto. ton marit qui t'embrasse bien fort et
t'envoi les plus doux baisers uno grosse poutouno.
Jean
Notes :
béren si lous rasins soun polis = Nous verrons si les raisins sont jolis
Coumo uno fennetto = Comme une petite femme
Uno grosso poutouno = Un très gros baiser.
23 Août
Ma chère Jeanne,
J'ai recu ta lettre du 19 C que j'attendais avec impatience. Mais la terrible nouvelle que tu
m'annonces, n'a fait que confirmer mes craintes. Depuis quelques temps déjà sachant
Jules dans la bataille j'avais un pressentiment.
Il faut bien te rendre compte que nous faisons
la guerre pour diminuer les forces adverses, avec cette duré interminable, chaque soldat
doit se dire aujourd'hui mon camarade tombe, demain ce sera mon tour.
Certes je ne vous dirai pas
les grands mots, Patrie etc... C'est froidement qu'il faut se faire le calcul de sa chance et
c'est peut-etre bien aux premiers jours de la guerre que ceux qui sont morts ont été
heureux.
Ma pauvre Jeanne, tout ce que je puis te dire, console bien tes chers parents, fais tout
ce que tu pourras pour aténuer leur peine.
Les mots me manquent devant ce malheur. Tant de
souffrances, tant de misères endurées par le pauvre petit, et lorsque peut-etre
on touche à la fin il tombe!
Je ne puis que vous dire soyez forts devant le malheur le
pauvre petit a payé sa dette, d'autres encore la payeront plus près du terme.
Mais
il nous reste un espoir, Dieu ou la chance auront voulu peut-etre qu'il ne soit que prisonnier,
espérez encore, tant que rien d'officiel ne vous est parvenu.
Combien je souhaite que cela ne soit
qu'une épreuve! TRois ans que je ne l'avais vu presque jour pour jour, et j'aurais
été si content de vous raconter nos misères!
Rêves, avenir tout se brise. Une seule chose peut-etre peut nous atténuer cette
grande peine, c'est que l'avenir est si sombre, qu'il ne faut pas s'attacher à la vie.
Ce que je voudrais c'est etre près de vous, car par lettre je ne peux trouver assez de
consolations, malheureusement je suis ataché.
Ne vous laissez pas abatre, espérez
encore, si vous croyez encore à la beauté des choses, notre pauvre Jules est un
héros. Mais moi je sais que c'est bien des soufrances morales et physiques pour cete fois.
Si vous pouvez prier c'est utile quand on croit et cela console aussi, faites et faites-le de tout
coeur, mais moi j'ai trop souffert, je ne crois plus et je n'ai que des larmes.
Je m'arrete,
et vous embrasse de tout mon coeur. Je n'y vois plus.
Octave Vincent, soldat originaire de Haute Loire. A sa femme Jeanne.
Lettre communiquée par Madame Christiane Brouillon